Araignées rouges dans la culture de cannabis
Liste de contenue
- Description des araignées rouges
- Lutte mécanique contre les araignées rouges
- Lutte chimique contre les araignées rouges sur le cannabis
- Application d'insecticides dans la culture
- Lutte biologique contre les araignées rouges
- Phytoseiulus Persimilis
- Amblyseius Californicus (ou Neoseiulus Californicus)
- Application des prédateurs contre les araignées rouges :
- Comparaison des différents moyens de lutte contre les araignées rouges :
Dans un précédent article, nous vous avions présenté un ravageur redoutable, le tarsonème du cannabis sur une culture d’Amnesika 2.0. Nous allons ici vous présenter sa cousine, non moins coriace, l’araignée rouge.
Intéressons nous donc à cet autre nuisible en l’observant à l’assaut d’une culture d' Orange Candy / Naranchup en plein été de l'un de nos clients et apprenons à mieux connaître notre ennemi.
Description des araignées rouges
De manière usuelle, le terme "araignée rouge" fait référence non à des araignées, mais à de minuscules acariens de la famille des Tetranychidae. Le qualificatif de "rouge" étant lui-aussi usurpé puisque de nombreuses "araignées rouges" ne sont en réalité ni des araignées, ni même rouges. C'est le cas de l'espèce la plus connue, qui est aussi celle que nous rencontrons le plus fréquemment dans la culture de marijuana, le tétranyque tisserand, dont la coloration varie généralement du jaune au brun.
Voici une video d'araignées rouges sur du cannabis.
Ce parasite absorbe le contenu des cellules foliaires pour se nourrir. Une fois attaquées, les feuilles présentent des traces ressemblant à des piqûres sur leur face supérieure. La colonie tisse une toile qu’elle étend en permanence pour assurer la protection des oeufs pondus. Sur une plante en phase végétative, elle s’étendra de manière discrète, principalement au dessous des grandes feuilles en effectuant des liaisons via le tronc afin de couvrir une large surface. Sur des plantes en phase de floraison, la colonie adoptera une méthode d’expansion plus visible par la méthode du cocon, basée sur la maximisation de son potentiel de fécondité, pour lutter contre ses éventuels prédateurs. Elles vont alors étendre une toile depuis la pointe des fleurs jusqu’à les envelopper entièrement afin de disposer d’un climat idéal et constant, d’un milieu sécurisé pour leur progéniture et de réserves suffisantes de nourriture.
Ces acariens sont très féconds. La femelle pond de 2 à 10 oeufs par jour selon les espèces. L'incubation se fait en 4 jours à 30°C contre 22 jours à 15°C. La capacité de développement d’une colonie dépend donc essentiellement de la température. Plus il fera chaud, plus vite la colonie s’agrandira.
Les nouvelles générations sont capables de pondre de 3 à 10 jours seulement après leur éclosion. Cerise sur le gâteau, les femelles n'ont besoin que d'une unique fécondation pour pondre toute leur vie avec un ratio de 2 à 3 femelles pour un mâle. On voit là tout le potentiel d'invasion exponentiel de ce parasite.
Pour autant, l'araignée rouge est dévorée par de nombreux insectes. Un excès d'insecticides dans nos cultures de cannabis ou dans notre environnement direct favorise donc son apparition en éliminant ses prédateurs naturels.
Des excès d'engrais peuvent également être facteurs d'apparition. L'excès d'azote attendrit les tissus foliaires, la potasse augmente la sécrétion des sucres,... Autant de facteurs pouvant rendre vos plantes très attractives pour ce parasite.
Lutte mécanique contre les araignées rouges
L’aspirateur est une technique testée et approuvée (avec délicatesse tout de même) pour éliminer une bonne partie des adultes et des toiles. Pensez à vous débarrasser du contenu de l’aspirateur rapidement ensuite. Un nettoyage délicat du dessous des feuilles à l’aide d’une éponge douce imbibée d’une solution hydroalcoolique (alcool) à 5% arrachera également une partie des toiles et éliminera quelques oeufs.
Lutte chimique contre les araignées rouges sur le cannabis
Il existe de nombreux acaricides systémiques plus ou moins efficaces pour lutter contre ces nuisibles. Cependant leur utilisation est soumise à des règles phytosanitaires très strictes qui elles-même ne vous garantissent pas à 100% l'inocuïté des éventuelles substances résiduelles sur vos récoltes.
Cela étant dit, nous sommes également conscients des difficultés rencontrées par certains cultivateurs face à des colonies de ravageurs particulièrement coriaces. Néanmoins, par souci de non-publicité pour une industrie que nous ne souhaitons pas promouvoir, nous vous livrons uniquement le nom scientifique de ces différentes molécules. Il vous appartient d’effectuer par vous-même les recherches sur la dénomination commerciale des produits après dépôt de brevet par leurs chercheurs ainsi que de vous informer des normes sanitaires et législations relatives à l’utilisation de ces produits dans votre pays/région de résidence.
Différentes molécules systémiques peuvent être utilisées contre les populations moyennes mais s’avèrent d’une efficacité décroissante dans le temps car le nuisible a la faculté de produire des générations de plus en plus résistantes en cas d’exposition répétée. Nous pouvons cependant vous conseiller d’utiliser différentes molécules en alternance afin de minimiser l’effet d’accoutumance à une molécule unique sur la colonie de ravageurs pour espérer l’éradiquer avant qu’elle ne puisse développer une résistance.
Application d'insecticides dans la culture
L’utilisation d’un agent mouillant dans la solution pulvérisée optimisera son efficacité. Vous pouvez également favoriser vos chances d’éradication d’une colonie récalcitrante en effectuant un traitement spécial à l’aide d’un produit ovicide dans les 24 à 48h suivant le traitement contre les adultes et réitérer celui-ci après chaque changement de molécule systémique.
La manipulation et l’exposition à ces différents produits peuvent être particulièrement dangereuses pour notre santé. Veillez à bien vous équiper de toutes les protections possibles (masques, gants, blouses,...) afin de limiter les risques de contact.
Molécules actives connues : Tebufenpyrad, deltaméthrine, abamectine, Piridaben.
Lutte biologique contre les araignées rouges
Tout d’abord, plusieurs molécules naturelles peuvent ralentir la progression des araignées rouges (avec toutefois une faible chance d’éradication totale).
- La pyréthrine, molécule naturelle présente dans différentes plantes dont certaines variétés de chrysanthème, est disponible dans diverses préparations insecticides agréés pour l’agriculture biologique. Elle a une action neurologique sur les insectes mais montre la particularité de se dégrader rapidement à la lumière. Appliquer de préférence à la tombée de la nuit.
- L’extrait de cannelle possède également des propriétés acaricides.
- L’huile de neem étouffe les oeufs et ralentit le développement des larves.
Ces différentes molécules agissent par contact. Il est recommandé de les utiliser pour réduire la population de nuisibles et perturber la colonie avant d’introduire ses prédateurs, mais surtout pas après leur introduction, il va sans dire.
Comme nous l'avons mentionné plus haut, le tétranyque tisserand est la proie favorite de nombreux prédateurs. Nous allons ici vous en présenter deux. L'un particulièrement vorace et efficace dans la lutte curative, nommé Phytoseiulus Persimilis, l'autre exceptionnellement résistant et efficace dans la lutte préventive, nommé Amblyseius Californicus.
Phytoseiulus Persimilis
Lui-aussi acarien, de la famille des Phytoseiidae, il est un prédateur naturel particulièrement efficace et vorace de l'acarien tisserand. Chaque individu peut ingurgiter jusqu'à 7 tisserands adultes ou une vingtaine d'oeufs par jour. Il se développe parfaitement dans des conditions d'humidité relative élevée (70%HR dans la canopée) et une température comprise entre 20 et 30 degrés Celsius. Il vit environ 30 jours et passe du stade de l'oeuf à celui de l'adulte en 7 jours. Chaque femelle pond en moyenne 54 oeufs au cours de sa vie, avec un ratio de 4 femelles pour un mâle. Leur population peut donc potentiellement être multipliée par 44 à chaque génération (17 jours). Lorsqu'ils n'ont plus de proies à dévorer, ils se mangent entre eux et disparaissent naturellement.
Amblyseius Californicus (ou Neoseiulus Californicus)
Acarien également, ce prédateur passe successivement par 5 stades au cours de sa vie. Oeuf, larve, protonymphe, deutonymphe et adulte. Ce cycle peut se terminer après 4,4 jours à 29°C. A 33°C, la lutte s'avérera à l’apogée de son efficacité puisque le cycle de développement du tétranyque tisserand sera légèrement plus long que celui d'Amblyseius Californicus. Il reste cependant efficace dans une fourchette de température très large allant de 8 à 35 degrés Celsius. Néanmoins des températures inférieures à 10°C et une humidité relative au delà des 60% commencent à avoir des effets négatifs sur la croissance de la population.
Le prédateur adulte vit environ 20 jours et pond une moyenne de 3 oeufs par jour pendant 14 jours. Il peut avaler jusqu'à 5 tisserands par jour plus éventuellement un certain nombre d'oeufs et de larves. Contrairement à Phytoseiulus Persimilis, Amblyseius Californicus peut survivre plus longtemps en l'absence de proie. Il peut par exemple se nourrir de pollen. De plus, il est plus résistant aux produits phytosanitaires et est également efficace contre certaines espèces de tarsonèmes. Cependant son taux de fécondité et son ratio de femelles sur la ponte sont essentiellement liés à la quantité de proies disponibles pour la femelle en période d’oviposition.
Sa vitesse de dispersion est inférieure à celle de Phytoseiulus Persimilis car il peut passer un temps au sol avant de migrer vers les plantes. Son exceptionnelle résistance en l'absence de proie et son régime alimentaire varié en font donc un prédateur parfait dans la lutte préventive mais également un allié capable de s’adapter à l’importance de l’invasion lorsqu’il est introduit comme prédateur en lutte curative.
Application des prédateurs contre les araignées rouges :
Ces prédateurs sont disponibles par le biais de sociétés spécialisées dans la lutte biologique. Leurs modalités d'envoi et leur disponibilité peuvent varier en fonction du fournisseur et de la période. Il s'agit d'organismes vivants dont il est malheureusement compliqué de garantir l'intégrité dans le cas d'un transit en conditions difficiles (chaleur ou autre). Aussi assurez-vous auprès de votre fournisseur de pouvoir réceptionner cette marchandise dans les plus brefs délais afin d'en optimiser l'efficacité après application.
Les prédateurs sont généralement conditionnés par flacons de 500, 1000 ou 2000 individus, disposés dans de la sciure ou de la vermiculite.
Le protocole d'application se résume donc à secouer le flacon afin d'éveiller leur activité et d'en déverser le contenu un peu partout sur vos plantes, en prenant soin d'insister aux éventuels foyers de contamination.
Comparaison des différents moyens de lutte contre les araignées rouges :
L'utilisation de produits phytosanitaires vous contraint à des applications répétées en induisant une résistance chez les générations de nuisibles au fil du temps. Les soins préventifs naturels, la vigilance permettant la détection rapide des invasions et la lutte biologique par auxiliaires de culture vous garantissent en revanche un équilibre pérenne dans l'écosystème de vos jardins, qu’ils soient temporaires ou permanents, aussi bien en extérieur qu’en intérieur. Elle vous prémunit également de l'exposition à des substances nocives pour votre organisme et polluantes pour l'environnement.
Avant toute chose, gardons nos jardins et nos espaces de culture propres et sains, prenons soins de nos plantes en les observant et en usant de moyens raisonnés pour les protéger avec les bienfaits que la nature nous offre. Le choix d’un traitement systémique ne devrait se faire que sur des plantes n’étant pas directement destinées à la consommation, telles que les plantes mères abritant des colonies trop importantes pour être éradiquées par la lutte biologique. Il est également indispensable de le réaliser dans les meilleures conditions de protection et de la manière la plus optimale afin d’en limiter la fréquence de renouvellement nécessaire à son strict minimum.
Et si d’aventure vous faisiez le choix de traiter des plantes destinées à la consommation avec ce type de produits, vous devez être conscients qu’en tant que principes actifs systémiques, leur dégradation peut être très lente (plusieurs mois pour certains) et leur action à long terme ainsi que celle de leurs résidus sur l’organisme humain fréquemment exposé nous est encore quasiment inconnue.
Notre devoir d’information étant rempli, nous vous souhaitons à tous des cultures saines et florissantes en toute conscience de vos choix.
A très bientôt pour la rencontre d’un autre des adversaires de nos cultures.