Culture de cannabis et champignons bénéfiques

Comme nous l’avons vu dans notre article sur la microvie dans le sol, une symbiose complexe se créée entre les racines des plantes et une série de micro-organismes et d’autres animaux, participant ainsi à la fameuse chaîne alimentaire. Grâce à cette vie microbienne le processus de développement de la plante est accéléré, comme c’est le cas, par exemple, pour l’absorption de
nutriments ou le développement racinaire lui-même. Mais les avantages de l’utilisation de bactéries et de champignons bénéfiques ne s’arrête pas là, ils représentent en effet une excellente défense préventive face à différents pathogènes, comme peuvent l’être d’autres champignons comme le botrytis ou le pythium.

Aujourd’hui nous allons approfondir le monde passionnant de la microvie qui se cache dans le substrat de nos cultures, en voyant aussi bien les principaux champignons bénéfiques que nous pouvons trouver pour nos plantes que les différentes manières de stimuler et d’augmenter leur présence et leur reproduction dans le milieu de culture.

Les organismes présents dans le sol

Pour faire simple, nous pouvons parler de grands groupes de micro-organismes présents dans un sol sain et vivant :

• Champignons: Nos protagonistes du jour possèdent différentes fonctions, comme décomposer la matière organique, en libérant ainsi les nutriments dans le substrat. De plus, ils s’alimentent de nématodes et servent en même temps d’aliments pour ces derniers. Ils établissent également, comme nous le verrons par la suite, des mycorhizes, ou autrement dit une symbiose entre les racines et le champignon.
• Bactéries: Comme les champignons, elles décomposent également la matière organique présente dans le sol. Elles améliorent la structure et le pH de ce dernier, en nourrissant en même temps les nématodes et les protozoaires. De la même façon que les champignons, elles agissent comme barrière de protection face à d’autres pathogènes.
• Nématodes: Ils s’alimentent de matière organique, de champignons, de bactéries, de nématodes ou de protozoaires, libèrent principalement des nutriments dans le sol et favorisent l’activité bactérienne et fongique.
• Protozoaires: Ils s’alimentent de bactéries, nourrissant ainsi le sol et équilibrant la population de ces dernières. Ils servent d’aliment pour les nématodes prédatrices et préfèrent les sols humides et bien aérés.

A cette liste, et pour compléter la chaîne, nous devrions ajouter différents arthropodes, mais également les vers de terre, authentique source d’alimentation de première catégorie pour notre culture.

Champignons bénéfiques et mycorhizes

N’importe quel sol sain possède une population considérable de ce type de champignons, ils établissent des relations symbiotiques avec les racines des plantes en réalisant des associations bénéfiques. Les champignons poussent en formant un tissu fait à base d’une espèce de fil appelé hyphes qui interconnectent la population de champignons avec les racines en établissant ainsi l’association symbiotique. Mycorhize est donc le nom que l’on donne à la relation de symbiose existante entre les champignons (mycos) et les racines (rhizos). Selon la relation existante entre les champignons et les racines des plantes, nous pouvons les séparer en deux groupes principaux :

• Champignons ectomycorhizes: Comme le nom l’indique, ils établissent une relation ectomycorhize, autrement dit, ils se développent sur l’extérieur des racines et de leurs hyphes et ne pénètrent pas à l’intérieur de la racine, ils forment plutôt une espèce de manteau qui les recouvrent. Ils peuvent s’identifier facilement, ils ressemblent à de petits globules attachés au système racinaire.
• Champignons endomycorhizes: Dans ce cas, nous avons une association endomycorhize, ce qui signifie que les hyphes du champignons pénètrent l’épithélium des racines colonisées pour établir la relation au niveau intracellulaire, principalement l’échange entre nutriments et eau.

Pour ce qui est des plantes, cette association leur permettent d’arriver à une superficie de sol plus importante grâce aux tissus fongiques, ce qui équivaut à une disponibilité de l’espace, des nutriments et de l’eau plus importante. De plus, grâce à cette association, les plantes gagnent en résistance face aux conditions de stress comme la salinité, l’augmentation de l’acidité du sol et les changements brusques de température, augmentant en même temps  l’absorption de minéraux aussi importants que le phosphore, l’azote, le potassium et le calcium. De leur côté, les champignons reçoivent les hydrates de carbone et les vitamines à travers l’exsudat des racines. Certaines espèces, comme les orchidées et les plantes qui n’ont pas de réserve de nutriments dans leurs graines, dépendent entièrement de cette association avec le champignons pour la survie de l’individu.

Trichoderma et cannabis, une assurance contre les pathogènes

Sans aucun doute, l’un des champignons bénéfiques les plus utilisés dans la culture du cannabis, le Trichoderma harzianum. À la différence des mycorhizes, le Trichoderma ne nourrit pas directement la plante et ne reçoit pas d’aliments de sa part, il ne créer donc pas de relation de symbiose avec la plante et n’est donc pas considéré comme un champignon mycorhize. Au contraire, et dit de façon familière, ce champignon fait ce qu’il a à faire; il colonise le substrat d’une façon beaucoup plus rapide que le reste des autres
micro-organismes, on pourrait presque dire de façon agressive, en se nourrissant de matière organique et d’autres champignons et produisant des métabolites antibiotiques toxiques pour d’autres champignons.

Il s’agit justement de sa principale utilisation en agriculture en général et pour la culture du cannabis en particulier, grâce à la colonisation rapide du substrat et grâce à sa diète il limite en grande partie la reproduction d’autres champignons (parmi lesquels les redoutés fusarium et pythium), ce qui explique son utilisation dans le traitement et la prévention des parasites du cannabis. Cependant, et comme nous le verrons ensuite, il faut faire attention lors de l’utilisation de champignons mycorhize et de Trichoderma dans le même substrat, il peut se produire un phénomène de compétition qui diminuera l’efficacité de la microvie.

Utilisation de Trichoderma et de mycorhizes

En effet et étant donné les caractéristiques de colonisation du substrat par les champignons mycorhizes d’un côté et du Trichoderma de l’autre, il faudra bien faire attention dans le cas de vouloir augmenter une colonie saine et équilibré des deux éléments. La rapidité de reproduction des champignons mycorhize est largement inférieur à celle des Trichoderma, il faudra donc commencer à appliquer dans un premier temps les mycorhizes dans le substrat pour qu’ils puissent avoir le temps suffisant pour s’établir. Une dois que nous avons une population bien développée de champignons mycorhize (ce qui prend plus ou moins 15 jours), ce sera alors le moment d’introduire des Trichodermas dans le substrat.

Si nous faisons le contraire, ou si nous les introduisons dans le substrat en même temps, le champignons Trichoderma colonisera la majorité du substrat et laissera très peu de place physique pour la colonie de champignons mycorhize. Nous perdrons alors une grande partie de cette symbiose entre les champignons et les racines que nous avons vue précédemment. C’est pour cela qu’il est également recommandé de commencer à l’utiliser aussi vite que possible, ce cette façon il prévient de l’apparition d’autres champignons qui peuvent être néfastes pour la plante ou pour la microvie du sol.

Comment promouvoir les champignons bénéfiques dans le sol

Nous pouvons faire varier des éléments pour stimuler et augmenter la présence de ce type de micro-organismes dans le substrat de culture. Nous avons déjà vu comment le Trichoderma peut limiter la croissance d’autres micro-organismes, mais nous pouvons faire plus pour promouvoir son développement. Par exemple, ne pas utiliser d’engrais minéraux et autres additifs comme les réducteurs de pH, favorisera la reproduction des champignons bénéfiques, il faudra donc utiliser des engrais riches en matière organique.

Le soin apporté au substrat joue également un rôle important pour créer des conditions idéales afin que la chaîne alimentaire du sol fonctionne normalement. Tous ces micro-organismes préfèrent des sols humides, qui ne sèchent pas complètement et le plus aérés possible. Ils apprécient un bon drainage et des substrats plus léger et avec une quantité importante de matière organique, il faudra donc faire attention que le substrat ne se compacte pas et éviter de le remuer.

Il est donc réellement recommandé d’utiliser ce type de micro-organismes seulement dans les cultures avec un bon substrat organique et l’utilisation d’une nutrition organique, c’est justement sous ces conditions que l’on peut réellement observer les différences entre les plantes profitant des champignons et les autres.

Nous espérons que nous avons réussi à expliquer la différence entre mycorhize et Trichoderma et que les conseils que nous vous avons données pour stimuler le développement de ce type de micro-organismes vous aiderons pour vos prochaines cultures.

A bientôt !